Dans tous les pays de l’Union européenne, sauf la France, les tests ADN à des fins de généalogie sont autorisés. Mieux : certains États en ont intégré l’usage dans les enquêtes policières, dans un cadre juridique conforme au RGPD. Pendant ce temps, la France interdit ces tests aux particuliers, au nom de l’éthique, tout en utilisant discrètement les résultats issus de laboratoires étrangers pour identifier des criminels. Une situation intenable, sur le plan moral, juridique et politique.
Suède : pionnière de la généalogie génétique
La Suède a été le premier pays européen à autoriser la recherche de parenté génétique dans les enquêtes criminelles. En 2019, cette méthode a permis de résoudre le double meurtre de Linköping intervenu en 2004, grâce à une comparaison des données ADN avec des bases généalogiques commerciales. L’encadrement est strict, mais les résultats sont là : des crimes irrésolus depuis des décennies trouvent enfin une réponse.
Pays-Bas : une police proactive
Dès 2018, les Pays-Bas ont lancé l’une des campagnes de prélèvement ADN les plus ambitieuses d’Europe : plus de 21 000 hommes testés pour retrouver l’auteur du meurtre de Nicky Verstappen âgé de 11 ans. Résultat : un suspect identifié grâce à une correspondance avec un membre de sa famille. Là encore, l’approche est encadrée, avec l’assentiment des participants et des garanties claires sur l’usage des données.
Belgique : coopération européenne et I-Familia
La Belgique a récemment autorisé la recherche de parenté éloignée dans le cadre des enquêtes judiciaires. En collaboration avec les Pays-Bas et Interpol, elle a eu recours au programme I-Familia pour identifier des restes humains non identifiés depuis 1991. Ce programme, mis en place par Interpol, permet la comparaison de profils ADN avec ceux de parents éloignés ou de membres de la famille dans un cadre international, avec le consentement des participants. Il s’agit d’un outil puissant pour les disparitions et les dossiers non résolus.
I-Familia : un programme international encore flou en France
Le programme I-Familia d’Interpol est accessible à tous les pays membres, y compris la France. Il s’agit d’un système dédié à l’identification des personnes disparues, basé sur des correspondances indirectes via des parents éloignés. Les données sont soumises à un consentement explicite et ne sont pas utilisées dans les fichiers criminels classiques.
Cependant, aucune information publique ne permet de savoir si la France participe activement à ce programme, ou si elle y a déjà eu recours. Ce silence interroge, alors même que les cas résolus via des bases étrangères montrent l’intérêt de ces technologies.
France : l’interdit contourné
Officiellement, les tests ADN personnels sont interdits en France sans autorisation judiciaire. La recherche de parenté génétique éloignée est prohibée dans le FNAEG. Pourtant, dans l’affaire du « Prédateur des bois« , la gendarmerie française a exploité les bases généalogiques américaines (GEDmatch et FamilyTreeDNA). Les plateformes concernées respectent le RGPD, avec l’accord explicite des utilisateurs pour un usage judiciaire. Ce que refuse toujours la France pour ses propres citoyens.
Une hypocrisie insoutenable
La France interdit, mais utilise. Elle condamne, mais exploite. En se refusant à débattre publiquement de ces questions, elle empêche la création d’un cadre éthique clair et adapté.
Pire : en contournant sa propre législation via des plateformes étrangères, elle fragilise l’état de droit qu’elle prétend protéger.
D’autres pays européens montrent qu’il est possible d’intégrer la généalogie génétique dans les enquêtes tout en respectant la vie privée et les principes du RGPD.
L’heure est venue d’ouvrir le débat en France
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